Le pardon

Qu’est-ce que le pardon ? Que renferme ce vocable si souvent usité et dont nous sommes familiers dans cette Côte-d’Ivoire post-crise qui aspire à la réconciliation ? Si on ne me le demande pas, je le sais. Mais si on me le demande, je ne sais plus. Cette citation du philosophe qui parlait du temps est aussi valable pour ce mot en deux petites syllabes : pardon. Qu’est-ce donc que le pardon ? Selon le nouveau Petit Robert, il concerne l’action de pardonner, l’absolution, l’amnistie, la grâce, l’indulgence, la miséricorde, la rémission. C’est un mot qui s’oppose donc à l’idée de rancune, de ressentiment, de condamnation, de représailles. En conséquence et si l’on en croit toujours le Nouveau Petit Robert, pardonner, c’est tenir (une offense) pour non avenue, ne pas en garder de ressentiment, renoncer à en tirer vengeance. Le pardon fait appel au côté le plus angélique de l’être humain, parce qu’il invite chaque personne offensée, blessée, déchirée par autrui à passer l’éponge (l’oubli n’est pas possible, mais le pardon oui). Pourquoi pardonner ? C’est Godfried Danneels qui y répond dans son livre « Pardonner », en ces termes :

« Que serait le monde, que seraient les relations entre les personnes, s’il n’y avait aucun pardon ? Ils seraient semblables à une nature sans verdure, à un paysage sans eau. Ce serait une société atteinte. Quand je fais payer le mal qu’on m’a fait en infligeant le même mal, je m’infecte du virus qui infecte mon agresseur. La vengeance me rend tout aussi malade que lui. C’est alors seulement qu’il exerce une totale emprise sur moi. Un petit germe de maladie s’est développé en une véritable épidémie et cette dernière nous atteint finalement tous ». Imaginons une entreprise où personne ne pardonne à personne, où les collaborateurs se regardent en chiens de faïence, ne se parlent plus pour certains, jurent de prendre leur vengeance et mettent toutes leurs énergies à y parvenir, des chefs qui promettent d’avoir « la peau » de leurs collaborateurs, des collaborateurs qui mettent tout en œuvre pour faire échouer ou chuter leurs chefs. Bref, une entreprise où l’épidémie de la vengeance et des représailles a pris corps. Comment les collaborateurs d’une telle entreprise pourraient-ils travailler dans la cohésion, en équipe, dans le respect des règles de leurs Sans pardon, il n’y a donc pas de véritable paix sociale, ni de perspectives de progrès. Mais pardonner implique aussi des notions comme l’humilité, la reconnaissance de nos torts. Nos cœurs doivent être disposés à la fois au pardon, lorsque nous sommes victimes, mais aussi à demander pardon, lorsque nous avons fait du mal à autrui. affligée d’une grosse carence en humanité...Une société sans pardon fixe le mal dans ses tissus à la manière d’un cancer qu’on ne peut plus extirper : pareille société est inexorablement professions, pour atteindre les objectifs qui leur sont assignés ? Sans pardon, il n’y a donc pas de véritable paix sociale, ni de perspectives de progrès. Mais pardonner implique aussi des notions comme l’humilité, la reconnaissance de nos torts. Nos cœurs doivent être disposés à la fois au pardon, lorsque nous sommes victimes, mais aussi à demander pardon, lorsque nous avons fait du mal à autrui. C’est ainsi que nous construirons une communauté humaine digne de ce nom et capable de nous conduire vers les progrès auxquels nous aspirons tous.

 

Eugène Zadi, Ex-DGA de la CIE

 

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